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5.5.08

La lettre à zélie par François gorin

A l'Élysée, ils ne détestent pas les vieille recettes, finalement. Donc, le président n'étant pas au mieux dans les sondages, on a décidé de soigner le mal par le mal, comme disaient nos grands-mères. Sa cote avait flanché après une visite à Eurodisney?
On l'a envoyé fissa en Angleterre. Là-bas, ils ont un endroit épatant où tu te promènes en carrosse avec des reines et des princesses portant des chapeaux richement décorés de faune et flore locales. Des gardes font la haie, coiffés, eux, de ces bonnets à poils qu'on jurerait dopés aux OGM vu leur hauteur extravagante. Au milieu de ce parc d'attractions plus ou moins divertissantes, notre peu populaire président se promenait aussi rigoureusement qu'il le pouvait. Tu as vu ça au JT.
Comme impassible n'est pas français, il a dû ici réprimer un sursaut d'épaule, là reprendre une main qui essayait d'attraper celle de sa femme. Le costume en queue-de-pie passé pour l'occasion donnait à sa démarche une élégance un peu particulière, mais l'un dans l'autre il s'en sortait bien. Pas de bracelet-montre agité au vent, pas d'insultes marmonnées : des courbettes. en somme, il assurait. Cachant mal leur satisfaction devant tant de réserve et de tenue, les conseillers du président ont commandé illico... un sondage.
Normal, à leur place, tu aurais fait la même chose. Au besoin, tu aurais constitué toi même un échantillon de citoyens réactifs, en leur demandant d'être connectés pendant les trente-six heures du séjour présidentiel. Après c'est un jeu d'enfant. chaque fois que le président de la République fait un geste, ou même quand il ne fait rien, tu poses une question discrète à ton échantillon. Par exemple, au royal dîner, il porte une chemise blanche barrée d'un gros ruban rouge : il est manifestement déguisé en bouteille de champagne. Aimez-vous le champagne? interroges-tu alors mine de rien. Et là, les sondés t'offrent à coup sûr une majorité écrasante. Et ainsi de suite. Le président porte un toast et, comme à son habitude, repose son verre de vin sans toucher le contenu. Pensez-vous qu'il est important de ne pas abuser de l'alcool? est ta question suivante. Là encore, le Français ayant autant de raison que de goût, c'est un oui franc et massif.
Puis, pour enfoncer le clou, tu fais observer à l'échantillon que le président n'a pas profité de cette escapade anglaise pour divorcer brutalement ; qu'il ne s'est pas remarié non plus ; bref qu'il n'a rien fait de
shocking sous le nez de ces britanniques majestés. Pour l'essentiel, il s'est contenté de leur présenter sa ravissante épouse. Et hop sa cote remonte. Bon, ça, très bon, se réjouissent alors les conseillers en coulisses. Le style, c'est l'homme, n'est-ce pas? Visiblement, les manières comptent pour une grande partie de ses lecteurs.
Le pouvoir d'achat on s'en occupera plus tard.
Quand le candidat déclarait : "je serai le président du pouvoir d'achat" tu ne te souviens pas que l'accent tonique était sur les six premiers mots? En campagne, on dit parfois des choses qui nous échappent. Imagine que le futur président, ayant repris de la choucroute à la fin d'un fête de la bière, ait lancé : " Je serai le président de la saucisse de Francfort." Que n'entendrait-il pas aujourd'hui (surtout à Starsbourg)... son virage en direction d'une austérité quasi monacale n'est-il qu'un plan de rigueur personnel.
Bien à toi.

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